Grandes familles et enfants stars : Bollywood, industrie du népotisme ?

On sait que dans les différentes industries de « l’entertainment » il n’est pas rare de voir des « fils et filles de » faire carrière et suivre les pas de parents célèbres, seulement dans le cinéma indien c’est presque une institution. De grandes dynasties, certaines s’étant fait un nom dès les premières années du cinéma hindi, font vivre l’industrie (si elles ne règnent pas dessus).

Quelques grandes familles de Bollywood

    • La famille Kapoor

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      Prithviraj kapoor

      La première de l’industrie, présente depuis le début dans les années 20. Ayant commencé avec l’acteur et réalisateur du cinéma muet Prithviraj Kapoor, elle s’étend sur quatre générations et a vu beaucoup de ses membres se faire une grande place à Bollywood. Parmi ses membres célèbres, on peut citer Raj Kapoor (immense acteur des années 50, considéré comme un des meilleurs et des plus influents du cinéma hindi), Randhir Kapoor, Rishi Kapoor, Neetu Singh (femme de Rishi Kapoor), Karisma et Kareena Kapoor (filles de Randhir Kapoor) et Ranbir Kapoor (fils de Neetu Singh et Rishi Kapoor).

  • La famille Mukherjee-Samarth

Présente à Bollywood depuis les années 40 avec l’actrice et chanteuse Rattan Bai et s’étendant sur quatre génération, cette famille s’est fait une grande place dans l’industrie et compte parmi ses illustres membres Nutan (très grande actrice ayant marqué Bollywood), Kajol (actrice ayant débuté dans les années 90), Rani Mukherjee (cousine de Kajol, ayant également débuté dans les années 90) ou encore le réalisateur Ayan Mukerji.

  • La Famille Bhatt

L’activité de la famille Bhatt à Bollywood a commencé avec le réalisateur et producteur Nanabhai Bhatt dans les années 40. Parmi ses descendant.e.s célèbres on compte Mukesh et Mahesh Bhatt (ses fils, producteurs et réalisateurs), Pooja et Alia Bhatt (filles de Mahesh Bhatt), Mohit Suri, Emraan Hashmi ou encore le réalisateur Milan Luthria (tous les trois neveux de Mahesh Bhatt).

  • La famille Kapoor (l’autre)

La famille de Surinder Kapoor, producteur et réalisateur. Ses descendants, notamment Anil Kapoor et Boney Kapoor, ont suivi ses pas dans l’industrie de Bollywood (le premier comme acteur et le second comme producteur). Arjun Kapoor, fils de Boney Kapoor, est un des acteurs les plus médiatisés de la nouvelle génération, et Janhvi Kapoor (fille de Boney Kapoor et de Sridevi) a un avenir tout tracé dans le milieu. Les trois enfants d’Anil Kapoor travaillent à Bollywood, Rhea Kapoor comme productrice, Sonam Kapoor comme actrice et Harshvardhan Kapooor comme acteur.

  • La famille Chopra

Pas forcément la plus nombreuse, mais bien la plus puissante ! La famille Chopra est une famille de producteurs/réalisateurs ayant travaillé avec les plus grandes superstars du cinéma hindi et ayant produit/réalisé beaucoup de films comptant parmi les plus grands succès du box-office en Inde. Yash Chopra et son fils Aditya sont les créateurs d’une des plus grandes maisons de production de Bollywood : Yash Raj Films.

  • La famille Deol

L’empreinte de la famille Deol à commencée avec le grand acteur Dharmendra, dont la carrière s’étend sur plus de quarante ans. Ses fils Bobby et Sunny Deol ont marqué à leur tour du cinéma hindi, sa fille Esha Deol a aussi officié à Bollywood ainsi que son neveu Abhay Deol qui a déjà une belle carrière derrière lui.

On pourrait citer d’autres familles comme les Khan (Salim Khan, Salman Khan, Sohail Khan..), les Khanna (qui a commencé avec le grand acteur Rajesh Khanna puis s’est ensuite perpétué avec sa fille Twinkle Khanna), les Pataudi (venant de Sharmila Tagore, puis avec ses enfants Saif Ali Khan et Soha Ali Khan ainsi que la fil de Saif, Sara Ali Khan, qui vient de faire ses débuts à Bollywood), les Shetty, les Roshan ou encore les Roy Kapoor.

Quelle place à Bollywood pour les « outsiders » ?

Bollywood comptant donc beaucoup de familles bien ancrées dans lesquelles parents, frères et sœurs, fils et filles, neveux et nièces n’ont pas de problème pour se lancer dans le milieu du cinéma, la question des « outsiders » n’ayant pas de parenté ni de

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Aishwarya Rai Bbachchan

parrains/marraines dans le cinéma est souvent posée. Pourtant les outsiders ne sont pas si rares, on peut citer Shahrukh Khan (parti de rien et devenu le véritable roi de Bollywood), Aishwarya Rai Bachchan (aujourd’hui intégrée à la famille Bachchan car mariée à Abhishek Bachchan mais n’ayant à la base aucune parenté dans le cinéma), Deepika Padukone, Juhi Chawla, Akshay Kumar ou Sushant Singh Rajput qui ont fait de grandes carrières et ont réussi à s’intégrer à l’industrie.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Bollywood n’est pas forcément allergique aux outsiders, seulement il est admit que ces derniers et dernières ont tendance à de voir travailler beaucoup plus dur et à galérer plus que les « fils et filles de » pour entrer dans le milieu et s’y faire un nom seul.e.s. Si les grandes familles de Bollywood sont en quelque sorte un signe de prestige, Bollywood ayant fini par s’attacher à cette tradition dynastique où la passion du cinéma se transmet de parents à enfants, comme toute industrie son but est de se perpétuer, et si le succès doit se faire par des outsiders alors Bollywood n’a aucun mal à en trouver et à les faire briller, même si ces outsiders luttent beaucoup plus en début de carrière et connaissent plus de difficultés que les « starkids ».

« Nepotism rocks ! »

« Nepotism rocks ! » a été lancé d’une manière presque naturelle en chœur par les acteurs Varun Dhawan et Saif Ali Khan et le producteur/réalisateur Karan Johar (les trois ont des parents ou membres de famille ayant fait carière à Bollywood) lors d’un petit sketch durant une cérémonie en 2017. La phrase aurait presque pu passer inaperçue si l’actrice Kangana Ranaut, outsider ayant réussi à prendre ses marques dans l’industrie, ne s’était pas insurgée. Suite à la critique de Kangana Ranaut, Bollywood a vu sa tradition dynastique remise en question par les médias et une partie du public.
Karan Johar, réputé pour avoir souvent lancé des enfants-stars, « fils et filles de » de ses

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Karan Johar

ami.e.s de l’industrie, a avoué être allé peut-être trop loin, mais a affirmé qu’il n’y avait rien de mal dans le népotisme. Plusieurs autres acteurs et actrices ont eu leur mot à dire sur le sujet. Anushka Sharma, outsider elle aussi, a jugé que le problème ne venait pas seulement de l’industrie mais aussi du public qui acceptait le népotisme et qui presque l’encourageait. Taapsee Pannu, révélation de ces dernières années à Bollywood et outsider, a révélé avoir été rejetée de certains projets de films car certain.e.s « starkids » étaient visiblement prioritaires. Plus grave, l’actrice Richa Chadha, aussi outsider, a révélé que l’on conseillait régulièrement aux outsiders, notamment aux femmes, de fréquenter et de se mettre en couple avec des joueurs de crickets ou des acteurs pour se créer une image en début de carrière et se faire plus facilement un nom.
Cette polémique autour du népotisme a permis de remettre en question un système bien ancré dans le milieu du cinéma (et dans l’industrie de « l’entertainment » plus généralement).

Dhadak et Suhana Khan, les dernières polémiques

En juillet dernier est sorti Dhadak, remake d’un film en malayalam, produit par Karan Johar (encore lui).  Les premiers rôles sont tenus par des petits jeunes qui font par le film leur entrée dans l’industrie : Ishaan Khattar et Janhvi Kapoor. Ce qui a fait polémique ? Ishaan Khattar et le frère d’un des acteurs les mieux payés de Bollywood, Shahid Kapoor, et Janhvi Kapoor est la fille de l’actrice Sridevi et du producteur Boney Kapoor. Tandis qu’une partie du public s’est réjouit de voir de nouveaux visages, peu importe lesquels, une autre partie a dénoncé cet exemple de népotisme où deux enfants destars se voient accorder des premiers rôles dans un film grand public sans avoir vraiment fait leurs preuves au préalable ni avoir eu à lutter pour obtenir ces rôles. Avec Dhadak, Karan Johar a démontré qu’il était bel et bien le parrain du népotisme et que les polémiques lui étaient passé au-dessus.

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Suhana Khan à la une de Vogue India

Ce été, c’est une autre jeune femme qui a fait polémique : Suhana Khan. Fille de Shahrukh Khan (le King Khan de Bollywood), elle a fait pour la première fois la une de Vogue India. Pourquoi ça a choqué ? Parce que Suhana Khan n’a encore rien fait. Pas un film, pas une pub, pas un défilé de mode, rien, le public indien ne la connait qu’en photo via son père. Pire, sur la couverture elle est présentée comme « student, theatre lover, future star ».  « Future star », c’est ce qui a fait bondir une partie du public, y voyant la preuve que le népotisme existe puisque les médias sont capables de prédire une grande carrière pour Suhana Khan sans même savoir si elle a du talent.
Ces deux polémiques ont fait réapparaître le népotisme dans l’actualité, et ce ne sont certainement pas les dernières que nous connaîtrons sur le sujet.

Conclusion

Si le népotisme est une réalité du cinéma indien (mais on peut le remarquer aussi en occident, Bollywood n’a pas le monopole du népotisme) et que les « starkids » semblent plus privilégiés dans l’industrie, il n’est pas rare de voir des outsiders se faire une place dans l’industrie et y avoir parfois plus de succès que des acteurs et actrices venant de grandes familles de Bollywood.
On remarque cependant que depuis la polémique lancée par Kangana Ranaut, une partie du public se montre méfiante vis-à-vis des starkids. Là où avant le népotisme était accepté ou que du moins le silence régnait autour du sujet, la mise en lumière de ce système a amené à une prise de conscience et a permis au public et à certaines personnes travaillant à Bollywood même d’exprimer leur ras-le-bol.
L’avenir du népotisme à Bollywood est difficile à prédire. D’un côté on ne peut empêcher des « fils et filles de » de se lancer dans le cinéma, et de toute façon des personnes comme Karan Johar seront là pour servir de tremplin aux starkids, mais d’un autre côté Bollywood semble avoir compris qu’une partie du public attendait des outsiders ou au moins que chaque arrivant.e à Bollywood soit traité.e également sans privilège ni traitement de faveur. To be continued…

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